Introduction
Dans un contexte mondial de lutte contre le changement climatique, le Maroc s’engage dans une transition énergétique ambitieuse. Cette ambition se concrétise par un plan audacieux visant à augmenter significativement la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national. L’objectif est d’atteindre 52% d’énergies renouvelables d’ici 2030, avec une puissance installée prévue de 20 254 MW et une marge de réserve de 12,2%. Cette stratégie positionne le Maroc comme le deuxième plus grand pays arabe en termes d’objectifs d’électricité renouvelable, soulignant son engagement fort dans la transition énergétique.
EVtricityconsult, en tant qu’acteur clé de cette transition, s’intéresse particulièrement à l’impact des véhicules électriques (VE) dans le contexte marocain.
Une étude menée par l’université VUB de Bruxelles pour Transport & Environment (T&E) apporte un éclairage nouveau sur l’avantage écologique des VE, même dans les pays où la production d’électricité est fortement carbonée. Cette étude est particulièrement pertinente pour le Maroc, qui cherche à optimiser son mix énergétique tout en promouvant des solutions de mobilité plus propres.
Émissions de CO2 : Comparaison VE vs Diesel
L’étude de T&E démontre que les VE émettent moins de gaz à effet de serre (GES) que les voitures diesel sur l’ensemble de leur cycle de vie, y compris dans les pays à forte intensité carbone. En Pologne, par exemple, où l’intensité de GES dans la production d’électricité est la plus élevée d’Europe, un VE émet 25% moins de CO2 sur sa durée de vie qu’une voiture diesel comparable
Avant d’aborder l’analyse détaillée, il est important de comprendre ce qu’est le cycle de vie d’un véhicule électrique et ses principales composantes. Le cycle de vie d’un véhicule électrique englobe toutes les étapes de son existence, de sa fabrication à son élimination, en passant par son utilisation. Ce concept permet d’évaluer l’impact environnemental global du véhicule. Voici les principales étapes et composantes du cycle de vie d’un VE :
Well-to-Tank (WTT) : Cette phase couvre la production et la distribution de l’énergie utilisée pour recharger le véhicule. Pour un VE, cela inclut la production d’électricité et son acheminement jusqu’aux bornes de recharge.
Tank-to-Wheel (TTW) : Cette étape concerne l’utilisation de l’énergie par le véhicule lui-même. Pour un VE, il s’agit de la conversion de l’électricité stockée en énergie mécanique pour propulser le véhicule.
Glider : Ce terme désigne la structure de base du véhicule, comprenant le châssis, la carrosserie et les composants non spécifiques à la propulsion électrique. La fabrication, l’entretien et le recyclage de ces éléments sont pris en compte dans cette catégorie.
Lithium battery : La production, l’utilisation et le recyclage de la batterie lithium-ion constituent une part importante du cycle de vie d’un VE, en raison de son impact environnemental significatif.
Powertrain : Cette composante englobe le système de propulsion électrique, incluant la machine électrique, l’électronique de puissance et les systèmes de contrôle.
L’analyse du cycle de vie d’un VE en Europe révèle que 70% de son impact provient de la production d’électricité, tandis que 15% est attribué à la production du véhicule lui-même et 15% à la fabrication de la batterie lithium-ion. Ces chiffres soulignent l’importance cruciale de la source d’énergie utilisée pour recharger les VE.
Les hypothèses de base sont : une distance parcourue sur la durée de vie de 200 000 km et un poids du châssis (glider) de 1200 kg. Pour le véhicule électrique à batterie, les hypothèses suivantes sont considérées : une consommation d’électricité en conditions réelles de 0,2 kWh/km et une batterie de 30 kWh (moyenne de 55 kgCO2/kWh ) ; 1,5 remplacement de batterie est nécessaire sur la durée de vie du véhicule. Le véhicule diesel de référence émet 120 gCO2/km selon le cycle NEDC, ce qui est augmenté de 35% pour refléter les conditions de conduite réelles. Le mix électrique de l’UE-28 en 2015 émet 300 gCO2/kWh. Source T&E
Le Mix Énergétique Marocain : Défis Actuels et Perspectives Prometteuses pour les Véhicules Électriques
Au Maroc, la situation actuelle présente des similitudes avec la Pologne en termes d’intensité carbone de l’électricité.
Selon le rapport du ministère de l’Énergie du Maroc, l’intensité carbone de l’électricité atteignait 744,6 gCO2/kWh en 2021. Cette empreinte carbone élevée est le résultat d’un mix énergétique encore largement dominé par les sources thermiques, avec environ 80% de la production électrique reposant sur des combustibles fossiles, principalement le charbon, suivi par le gaz naturel et le pétrole.
Bien que le Maroc ait réalisé des progrès significatifs dans le développement des énergies renouvelables, avec une capacité installée atteignant 37% (soit 4047 MW), la part réelle des énergies renouvelables dans la production effective ne s’élève qu’à 19,79%.
Cependant, le pays a fixé des objectifs ambitieux pour transformer radicalement son mix énergétique. Le Maroc prévoit d’augmenter la part des énergies renouvelables à 52% d’ici 2030, avec une puissance installée prévue de 20 254 MW. Cette transition énergétique aura un impact considérable sur l’empreinte carbone des véhicules électriques (VE) dans le pays.
Actuellement, malgré un mix énergétique similaire à celui de la Pologne, les VE au Maroc pourraient émettre déjà 25% moins de CO2 que les véhicules diesel sur leur cycle de vie.
Avec la réalisation des objectifs 2030, cet avantage environnemental des VE s’accentuera significativement, rendant les véhicules électriques encore plus propres et renforçant leur rôle dans la réduction des émissions de CO2 du secteur des transports marocain.
Cette évolution du mix énergétique marocain illustre comment les politiques nationales de transition énergétique peuvent amplifier les bénéfices environnementaux des technologies de mobilité propre, créant une synergie positive entre les secteurs de l’énergie et des transports dans la lutte contre le changement climatique.
Conclusion
Cette évolution vers une mobilité électrique, couplée à la transition énergétique du Maroc, ouvre la voie à un avenir plus durable pour le secteur des transports marocain. En plus de réduire l’empreinte carbone, cette transition pourrait également alléger considérablement la facture énergétique du pays. En effet, l’importation des énergies fossiles s’élevait à environ 75 milliards de dirhams en 2021, incluant le pétrole, les produits pétroliers, le charbon et le gaz naturel. Ainsi, cette transformation du secteur des transports et de l’énergie renforcera l’indépendance énergétique du Maroc et sa résilience économique, tout en contribuant significativement à ses objectifs environnementaux.